L’immense majorité des féministes s’accordent sur le fait que les hommes ont plus de pouvoir que les femmes, aussi bien économiquement que socialement, ce qui a un impact sur les relations sexuelles. En général, les femmes ont moins de liberté dans leur rapport au sexe que leurs partenaires masculins et sont soumises à des mœurs sexuelles qui favorise les hommes.
Quelle est la relation entre la sexualité et l’inégalité entre les sexes ?
Pourtant l’approche des féministes vis-à-vis du sexe sur des sujets comme la prostitution, l’avortement, les violences sexuelles ou encore la pornographie a provoqués des controverses au sein de ces mêmes mouvements.
Par exemple, est-ce féministe d’étouffer une femme pendant un rapport si cela l’excite ? Est-ce qu’une femme devrait s’interdire de fantasmer d’être soumise à son patron ? De plus pourquoi certaines féministes autoproclamées sont-elles opposées à la dépénalisation du travail du sexe, même si les travailleuses du sexe ont longtemps déclaré que la criminalisation rend leur travail plus dangereux ? Et comment l’image de la femme dans le porno traditionnel peut-il devenir plus éthique à la fois sur et hors des écrans ?
Le sexe féministe consiste à avoir le sexe que vous voulez avoir, plutôt que le sexe que vous pensez que vous devriez avoir. En d’autres termes il s’agit d’avoir des relations sexuelles qui correspondent à vos propres désirs et vos propres envies, sans forcément être conformes aux « bonnes mœurs » véhiculées par la société.
Gymnastique au combien difficile comme nous avons tous été influencés dès notre plus jeune âge par notre entourage. Que ce soit au travers de l’éducation transmise par nos parents, par les schémas relationnels prit pour exemple pendant les cours d’éducation sexuelle reçus à l’école, par la représentation qui est faite de la femme dans l’industrie du porno ou encore au travers de divers médias plus classiques. Et n’oubliions pas les réseaux sociaux où s’affrontent différents courant de pensés pour imposer leurs visions.
Personnellement, il m’a fallu du temps pour défaire les mythes qui m’ont été implicitement enseignés à propos du sexe, et je ne doute pas que nous sommes nombreux dans ce cas.
Je pense que fondamentalement, vous devez être conscient de ce qu’est un fantasme sexuel. C’est une version adulte d’un jeu et il est inutile d’essayer de changer ce que vous trouvez excitant. C’est votre nature et c’est ce qui vous caractérise. Si vous êtes par exemple excité en étant dans un rôle soumis dans un scénario sexiste, il n’y a rien de mal à ça et beaucoup de gens ont ce type de fantasmes lié à la soumission-domination. C’est féministe de s’adonner à cela si l’on garde à l’esprit que cela ne représente pas nos propres valeurs. Une femme à le droit d’être une chef d’entreprise et de fantasmer d’être la secrétaire lorsqu’elle fait l’amour, sans être jugée. Tout comme vous avez parfaitement le droit d’être attiré par une personne du même sexe que vous.
Si vous êtes un homme et que vous fantasmez sexuellement de fesser ou gifler votre partenaire il y a une manière respectueuse et féministe de le faire en s’assurant l’accord de la partenaire que vous voulez gifler, et seulement si elle s’y adonne et apprécie ce genre de pratique. De nos jours, il est plus facile que jamais de trouver quelqu’un qui est compatible avec vous sur ce plan. Rien ne cautionne les débordements qui peuvent avoir lieu à ce sujet, et toutes ces violences physiques qui se produisent trop souvent, même au sein des couples.
Pour de nombreuses féministes radicales, la sexualité est au cœur de la domination masculine et elle est considéré comme un mécanisme clé du contrôle patriarcal. En d’autres termes c’est le principal moyen par lequel les hommes exercent et maintiennent leur pouvoir et leur contrôle sur femmes.
Tandis que d’autres préfèrent considérer le contrôle social des femmes par la sexualité comme le résultat des inégalités de pouvoir entre les sexes, plutôt que son but.
La sexualité telle qu’elle se construit de nos jours n’est pas simplement le reflet du pouvoir des hommes sur les femmes dans d’autres domaines, mais découle également de ces relations de pouvoir inégales.
Cela peut influencer la façon dont nous percevons le corps de la femme, son apparence, les vêtements qu’elle porte, le travail qu’elle fait, sa santé, l’éducation qu’elle reçoit, ses loisirs, ainsi que les relations qu’elles se sentent capables d’avoir avec leurs partenaires.
Il est clair que la sexualité affecte la position des femmes sur le marché du travail de nombreuses manières. Elles sont jugées en fonction de leur apparence qui peut être conforme ou non à certaines attentes et elles sont pour beaucoup victimes d’harcèlement au travail sans avoir chercher à séduire ou provoquer ce genre de comportement. Une femme devrait pouvoir porter les vêtements qu’elle souhaite, qu’ils soient amples, cintrés, moulant, échancrés, de couleur et j’en passe sans être jugée, cataloguée ou méprisée pour ce motif. Ce genre de situation est totalement inconnu des hommes qui n’ont jamais été confrontés à ce type de problèmes et ne réfléchisses pas pour la plupart d’entre eux avant de se transformer en bourreau avec des comportements déplacés.
La vie sociale et les loisirs des femmes ainsi que les opportunités qu’elles ont sont également affectées par les craintes de violences sexuelles : la crainte de prendre un verre seul avec un homme, la crainte de rentrer seule après la tombée de la nuit, la crainte d’être prise à partie dans les transports, la crainte d’accrocher le regard d’un homme qui prendrait ça pour une invitation / provocation.
Le droit à l’avortement, à la contraception, à une sexualité libre ne sont pas épargnés et même si ces sujets ont eu tendances à évoluer ces dernières années, nous ne sommes pas à l’abri d’un retour en arrière impulsé par des mouvements conservateurs déconnectés de la réalité. Le retour en force des extrémistes dans de nombreux pays ne laisse rien présager de positifs pour les femmes qui y vivent dans les années à venir.
Les formes de contrôle des femmes sont susceptibles d’être différentes selon les cultures et les périodes historiques mais n’ont clairement pas disparus.
Dans le passé, le contrôle de la sexualité des femmes était lié aux droits héréditaires. Si une femme avait des relations sexuelles en dehors du mariage, il n’y avait aucun moyen pour son mari d’être sûr que tous les enfants qu’il avait avec elle étaient ses légitimes héritiers. Pour les riches du moins, c’était une des raisons avancées pour justifier la nécessité de la chasteté féminine. De nos jours, les femmes ne sont plus enfermées dans des ceintures de chasteté, mais la notion de la sexualité des femmes reste étouffée par rapport à celles des hommes dans de nombreux domaines.
Rien n’autorise à museler la liberté des femmes au profit de pseudo valeurs féministes ou mœurs archaiques découlant d’un système qui semble toujours à la traîne lorsqu’il s’agit du droit des femmes.